Aujourd’hui, plus de 4,6 millions de cas confirmés de COVID-19, dont plus de 310 000 décès, ont été signalés à l’OMS dans le monde. Malheureusement, ces chiffres ne sont pas des estimations, car derrière chaque chiffre se cache une personne réelle. L’impact du COVID-19 va au-delà de la santé. Il s’agit bien plus que d’une crise sanitaire affectant à la fois des vies et des moyens de subsistance. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, et Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, ont reconnu que le COVID-19 est une crise sans précédent. Ce dernier a déclaré que le FMI n’avait jamais connu de période aussi difficile dans son histoire. Aujourd’hui, le monde est plongé dans une récession économique qui est pire que la précédente crise financière mondiale de 2008.
La crise frappe tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, et les met en grande difficulté pour faire face à la protection de la santé, au chômage, à la perte de revenus et à la pauvreté. Les marchés émergents et les économies en développement disposant de moins de ressources sont les plus exposés. De même que le virus frappe les personnes les plus vulnérables, la crise économique frappe plus durement les économies vulnérables. Les efforts nationaux visant à sauver la vie et les moyens de subsistance des populations sont exacerbés lorsque les systèmes de santé sont relativement faibles et que les filets de sécurité sociale sont limités, en particulier pour les pauvres, les ménages à faibles revenus et les ménages vulnérables.
La lutte contre le COVID-19 nécessite une solidarité aux niveaux national et mondial. Conscientes de ces deux éléments, toutes les organisations doivent s’unir pour protéger la santé des personnes, préserver leur vie et leurs moyens de subsistance. Le partenariat est l’un des éléments fondamentaux pour construire et exercer la solidarité au niveau national et mondial afin de protéger les personnes. Il pourrait s’agir d’établir ou de renforcer et d’utiliser les plateformes de collaboration et les relations existantes entre les parties prenantes du gouvernement, les partenaires du développement et les institutions internationales afin de travailler ensemble à la protection des personnes touchées par le COVID-19. Le réseau P4H, connu comme un réseau mondial facilitant la collaboration dans le domaine du financement de la santé et de la protection sociale de la santé (PSM) pour la couverture sanitaire universelle (CSU), est l’un d’entre eux. Il crée des opportunités et promeut le partenariat en mettant en relation différents acteurs des secteurs de la santé, de la finance, des affaires sociales et d’autres secteurs pertinents à tous les niveaux.
Selon la situation, la protection des personnes peut être interprétée différemment. Il s’agit ici de renforcer le partenariat en matière de protection financière. En d’autres termes, il s’agit d’un partenariat visant à sauver des vies et à protéger les moyens de subsistance de la population en ce qui concerne la santé, les revenus et les filets de sécurité sociale. Dans certaines situations, les réformes politiques et les actions nationales visant à atteindre la CMU peuvent nécessiter des efforts et des ressources supplémentaires pour garantir que leurs systèmes de santé maintiennent et étendent leur couverture en ce qui concerne la population, les prestations de services de santé et le coût de l’utilisation de ces services de santé. Elle apportera une protection indispensable aux ménages à faibles revenus ou aux personnes ne disposant pas d’une couverture d’assurance maladie et les empêchera de sombrer dans la pauvreté. Une autre caractéristique importante de la protection est la sécurité des revenus et la protection contre les coûts d’accès aux services de santé. Par conséquent, la protection des personnes pendant le COVID 19 nécessite des actions et des leviers synergiques complets et intégrés dans le cadre de la santé publique et du PSM.
L’universalité de la population, des services de santé, de la couverture des coûts et de la protection financière est un élément intrinsèque de la santé publique universelle et du PSM. La protection financière ou le fait de s’assurer que l’utilisation de ces services n’expose pas l’utilisateur à des difficultés financières est bien ancrée dans la définition de la santé publique universelle de l’OMS. L’OIT reconnaît que le PSM est essentiel pour atteindre la santé universelle, ce qui souligne l’importance de la protection financière. Techniquement, le PSM présente une série de mesures publiques ou privées organisées et mandatées par les pouvoirs publics pour assurer un accès effectif aux soins de santé sans difficultés et une sécurité de revenu pour compenser la perte de revenus en cas de maladie.
Dans de nombreux systèmes de santé, la protection financière concerne principalement les difficultés financières liées aux paiements directs. Des niveaux élevés de dépenses de fonctionnement rendent les systèmes de financement de la santé régressifs, inéquitables et inefficaces. Les frais de fonctionnement sont le principal déterminant des dépenses de santé catastrophiques des ménages et de l’appauvrissement.
Parmi les experts et les décideurs politiques, les difficultés financières sont abordées en termes de dépenses de santé catastrophiques et d’appauvrissement. Actuellement, un nombre important de personnes, tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, connaissent des difficultés financières dues aux dépenses de fonctionnement. Une étude récente sur la protection financière commandée par la région de l’Asie du Sud-Est de l’OMS a révélé que les dépenses de médicaments constituent le principal facteur de dépenses de fonctionnement. C’est le cas dans d’autres régions et pays, malgré leurs efforts pour améliorer les politiques de financement de la santé et les réformes visant à assurer la santé publique universelle. Il est fort probable que la situation s’aggrave, car le COVID-19 exerce une forte pression sur les budgets de santé limités et sur les recettes publiques en général.
Évaluant la situation du COVID-19 dans le monde, l’équipe de l’OMS chargée du financement de la santé conseille d’assurer un financement suffisant des biens communs pour la santé, de renforcer les fondements des systèmes de santé et d’éliminer les obstacles financiers aux services de santé. Si les gens retardent les soins de santé ou y renoncent parce qu’ils n’en ont pas les moyens, non seulement ils se font du tort à eux-mêmes, mais ils rendent la pandémie plus difficile à contrôler et mettent la société en danger. La suspension du ticket modérateur et la gratuité des tests, indépendamment de la citoyenneté, de la couverture d’assurance ou du statut de résident, revêtent une importance cruciale à l’heure actuelle. La suppression du ticket modérateur devrait s’accompagner de mesures visant à indemniser les prestataires de soins de santé pour la perte de revenus qu’ils subissent.
D’autre part, la couverture des coûts d’accès aux services de santé fait référence aux dépenses des personnes pour des postes de coûts indirects non médicaux, tels que le transport et la nourriture. Dans certains cas, les coûts indirects pour atteindre et obtenir des services de santé créent des obstacles financiers et des charges considérables pour les ménages. Ces jours-ci, cela comprendrait également le coût du transport à l’intérieur du pays et entre les pays, ainsi que l’isolement des cas suspects de COVID-19 et des contacts. En pratique, la protection du revenu des ménages et la prévention de la perte de revenu et du basculement dans la pauvreté auront des effets profonds sur l’élimination des difficultés et des obstacles financiers. Une étude suggère que les coûts économiques (perte de revenus) pendant la maladie peuvent être beaucoup plus importants que tous les autres coûts médicaux et non médicaux. Dans les situations d’urgence comme celle du COVID-19, les transferts monétaires (y compris les bons) sont fréquemment utilisés dans le cadre des programmes d’aide sociale du gouvernement, ainsi que de l’aide humanitaire. Cette forme de soutien aide temporairement les personnes qui ont désespérément besoin d’assurer leur revenu et de dépenser pour les besoins essentiels ou minimaux de subsistance, y compris la santé. Des bons peuvent être envisagés et utilisés efficacement pour les pauvres, les personnes vulnérables, les migrants et les réfugiés afin d’encourager et d’obtenir des tests, des diagnostics et des traitements liés au COVID-19, dans la mesure du possible. Aujourd’hui, le besoin et la demande d’aide d’urgence et d’assistance humanitaire deviennent critiques. L’OMS appelle à la solidarité nationale et mondiale pour lutter contre cette épidémie en sauvant des vies et en protégeant les moyens de subsistance, qui est un problème multisectoriel et multidimensionnel. Par conséquent, une approche pangouvernementale et des partenariats entre différents secteurs et niveaux sont nécessaires pour combiner tous les efforts afin de protéger l’économie et d’atténuer les effets socio-économiques négatifs du COVID-19 pendant ces heures les plus sombres.
L’auteur souhaite remercier Claude Meyer, coordinateur de P4H, pour son soutien et ses commentaires.