Pays enclavé au cœur du Sahel, le Niger et ses 24 millions d’habitants font face à d’importants défis structurels: le changement climatique accroit l’insécurité alimentaire elle-même renforcée par une croissance démographique qui est la plus forte du continent, et une pression sur des ressources naturelles déjà limitées. Ces contraintes sont accentuées par le développement de l’insécurité, notamment liée à la menace djihadiste, des tensions politiques et géopolitiques qui obèrent les possibilités d’améliorer rapidement l’accès aux services de base.
Une amélioration trop lente et inégalitaire des indicateurs de santé
Les indicateurs de santé sont problématiques et leur progression lente. La mortalité maternelle (520 décès pour 100 000 naissances vivantes) et la mortalité des enfants de moins de cinq ans (123 décès pour 1 000 naissances vivantes) restent parmi les plus élevées au monde. Elles sont alimentées notamment par des niveaux importants de malnutritions, une incidence forte et croissante du paludisme et des taux d’anémie élevés chez les femmes en âge de procréer.
L’urbanisation progressive, la sédentarité et le vieillissement de la population font naître de nouveaux besoins.
Pour y répondre, les décideurs politiques et les planificateurs doivent relever des défis majeurs tels que la faible couverture des services (53,4 %) et leur utilisation (49,5%) (MSP-PDSS) et le niveau élevé des paiements directs des ménages (cf. données sur cette page). Chaque année, 6,5 % des ménages sont exposés à des dépenses de santé catastrophiques.
Tous ces risques touchent en priorité les populations les plus pauvres, qui sont elles-mêmes les plus exclues des soins. Les modèles d’organisation et de financement de la santé au Niger sont en cours de réforme pour favoriser l’équité.
La couverture sanitaire universelle : un engagement politique catalyseur
Le nouveau Plan de développement sanitaire et social (PDSS) du Niger s’est fixé comme objectif central d’accélérer la marche vers la couverture sanitaire universelle (CSU).
L’élaboration de ce nouveau plan a conduit à identifier des réformes clefs et convergentes qui sont aujourd’hui engagées. L’objectif est d’accélérer la marche vers la CSU en combinant notamment les effets induits des actions suivantes :
- La mise en place du secrétariat permanent de suivi du PDSS, alimenté par des tableaux de bord, qui constitue un cadre de renforcement de la coordination au sein du ministère de la Santé publique et de la concertation avec ses partenaires techniques et financiers
- Un meilleur alignement et une meilleure intégration des financements des partenaires, notamment par la refonte du Fonds commun santé, mais aussi par l’articulation des approches de financement basé sur les résultats et de gratuité, et la rationalisation du recours aux unités de gestion des projets
- Le déploiement de systèmes de couverture du risque maladie, notamment avec la création de l’Institut National d’Assistance Maladie (INAM), qui porte la refonte de la politique de gratuité et son articulation avec des approches assurantielles, et qui tout en assurant le financement des structures en périphérie appuiera les réformes des systèmes d’information sanitaire et d’approvisionnement en médicaments jusqu’au dernier kilomètre
Ce sont l’identification de ce nouveau cadre stratégique, son accompagnement et son appui ainsi qu’un travail de fond sur l’alignement des interventions extérieures et la couverture du risque maladie que le réseau P4H appuie au Niger depuis plus d’une décennie, et avec l’aide d’une personne focale pays depuis quatre années.
[1] “Niger”. World Bank Open Data, Accessed 17 Apr. 2024
[2] UNDP, editor. Uncertain times, unsettled lives: shaping our future in a transforming world. United Nations Development Programme, 2022