Les frais d’utilisation affectent l’accès aux soins de santé. En 2018, l’Estonie a abaissé les seuils et automatisé la réduction du ticket modérateur pour les médicaments via les ordonnances électroniques, supprimant ainsi les obstacles. Cela a permis d’augmenter l’éligibilité et de réduire les frais à la charge des patients, améliorant ainsi la protection financière.
Un nouveau rapport met en évidence les avancées significatives des efforts de l’Estonie pour réduire les difficultés financières causées par les dépenses de santé non remboursées. En 2016, les paiements directs ont représenté 24 % des dépenses de santé du pays, et 8 % des ménages ont connu des dépenses de santé catastrophiques, les familles les plus pauvres étant les plus touchées. La charge financière élevée était en grande partie due au ticket modérateur pour les médicaments délivrés en ambulatoire, ce qui a créé des besoins non satisfaits, 7 % des personnes ayant une ordonnance n’ayant pas les moyens de se la procurer. La complexité du système précédent – seuils d’éligibilité élevés et procédures administratives lourdes – a limité l’efficacité des mécanismes de protection.
En 2018, le ministère des Affaires sociales a introduit des réformes visant à simplifier et à améliorer la protection financière. Les principaux changements comprenaient l’abaissement du seuil annuel pour la réduction du ticket modérateur de 300 € à 100 €, augmentant ainsi l’accessibilité pour les groupes vulnérables. Afin d’améliorer encore la participation, le système centralisé de prescription électronique de l’Estonie a été mis à niveau pour suivre automatiquement les dépenses des utilisateurs et appliquer les réductions de ticket modérateur en temps réel. Cette innovation a permis d’éliminer les obstacles administratifs, tels que la nécessité de conserver et de présenter les reçus des pharmacies. En outre, la structure du ticket modérateur a été normalisée avec un taux fixe de 2,50 euros par ordonnance.
Ces réformes ont entraîné des améliorations immédiates. Le nombre de personnes pouvant bénéficier d’une réduction du ticket modérateur est passé de 8 000 à 134 000, 100 % des personnes éligibles bénéficiant de la réforme, contre 37,5 % auparavant. En conséquence, la proportion de personnes bénéficiant d’une réduction du ticket modérateur lors de la délivrance d’une ordonnance est passée de 0,4 % à 15,6 %, tandis que le nombre de ménages dépensant plus de 250 euros par an pour des médicaments en ambulatoire a chuté de manière spectaculaire, passant de 24 000 à seulement 1 000. Dans l’ensemble, les frais à la charge des patients pour les médicaments prescrits en ambulatoire ont diminué de 8 % et sont restés inférieurs aux niveaux d’avant la réforme au cours des années suivantes.
Malgré ces résultats positifs, l’Estonie reste confrontée à des défis. En 2020, 7,2 % des ménages devront encore faire face à des dépenses de santé catastrophiques. Le rapport recommande d’autres mesures politiques, telles que l’introduction de plafonds pour les tickets modérateurs, l’exonération des groupes à faibles revenus et des personnes souffrant de maladies chroniques du ticket modérateur, et le remplacement des tickets modérateurs basés sur des pourcentages par des taux fixes afin d’assurer un accès équitable aux soins de santé.
Le succès de la réforme estonienne souligne l’importance d’un suivi rigoureux et de l’innovation numérique pour améliorer la protection financière. La collecte continue de données sur les besoins non satisfaits et les dépenses des ménages a permis aux décideurs politiques d’identifier les lacunes dans la couverture et de concevoir des solutions plus efficaces. Le système centralisé de prescription électronique a joué un rôle crucial en automatisant les processus, en réduisant les charges administratives et en augmentant l’utilisation des prestations. Une collaboration étroite entre le ministère des affaires sociales, le Fonds estonien d’assurance maladie (EHIF) et les pharmacies a également joué un rôle clé dans la mise en œuvre réussie de ces réformes.
L’expérience de l’Estonie constitue un modèle précieux pour les autres pays qui cherchent à renforcer la couverture universelle des soins de santé et à réduire les difficultés financières. Si les réformes ont rendu les soins de santé plus abordables pour beaucoup, des efforts continus sont nécessaires pour combler les lacunes qui subsistent en matière de couverture et protéger tous les citoyens contre le risque de pauvreté lié aux dépenses de santé.
Pour en savoir plus sur le rapport et les travaux de l’OMS/Europe en matière de protection financière , cliquez ici.