Ce document analyse l’introduction et l’expansion des régimes d’assurance maladie en Tanzanie. Les assurances santé ont été introduites vers l’an 2000 dans le cadre d’un processus plus général de réforme de la santé visant à améliorer l’accès aux services de santé. Le document affirme que les assurances santé ont été mises en place par une coalition politique de bureaucrates et d’acteurs transnationaux qui, inspirés par les tendances internationales, ont présenté les réformes comme un moyen pour le parti au pouvoir de respecter l’une de ses principales priorités depuis l’indépendance, à savoir l’amélioration et, à terme, l’accès universel aux services de santé. L’introduction des assurances devait permettre de mobiliser des fonds et d’améliorer le fonctionnement du système de soins de santé à cette fin. Toutefois, à en juger par la modestie de leur conception et la lenteur de leur mise en œuvre, l’élite politique au pouvoir est restée dans l’ambiguïté en ce qui concerne les assurances maladie. D’un point de vue politique, un déploiement rapide était perçu comme risqué. Des considérations politiques similaires peuvent expliquer la réticence à étendre la couverture de l’assurance maladie par le biais d’un régime obligatoire que les bureaucrates et les partenaires de développement ont récemment propagé. Le rejet du projet initial a surpris la coalition politique, qui n’avait pas le même accès aux décideurs clés que par le passé. Parallèlement, et sous l’effet d’une concurrence électorale accrue, le parti au pouvoir s’est de plus en plus concentré sur l’amélioration de l’accès aux soins grâce à l’expansion des infrastructures de santé physique. Cela présente l’avantage supplémentaire d’être très visible auprès de la majorité rurale de la population, qui vote massivement pour le Chama Cha Mapinduzi (CCM). Il s’agit de notre deuxième article sur la protection sociale en Tanzanie.