Après des débuts modestes, la médecine vietnamienne s’est hissée au niveau des normes internationales, les chirurgiens pratiquant désormais des greffes, des interventions chirurgicales assistées par robot, des implantations de cœurs artificiels et des thérapies à base de cellules souches.
La révolution d’août 1945 a marqué non seulement la naissance d’un Việt Nam indépendant, mais aussi l’origine de son secteur de santé moderne. Le 2 septembre, le président Hồ Chí Minh a présenté le gouvernement provisoire, qui comprenait notamment le ministère de la santé, soulignant ainsi le rôle central que les soins de santé allaient jouer dans la construction de la nation. Au cours des décennies suivantes, le système de santé du Việt Nam a évolué au milieu de la guerre et d’immenses défis, jetant les bases d’une structure solide qui fournit aujourd’hui des soins complets à des millions de personnes.
Au cours de la résistance contre les colonialistes français et, plus tard, contre les forces américaines, le personnel médical du Việt Nam a incarné la résilience et l’ingéniosité. Confrontés à une pénurie extrême, les médecins, les infirmières et les pharmaciens se sont déplacés avec les troupes, transportant du matériel chirurgical et créant des hôpitaux de fortune au cœur de la jungle et des montagnes. Leur devise, “Tout pour le front, tout pour la victoire”, n’était pas qu’une simple rhétorique : nombre d’entre eux étaient à la fois des guérisseurs et des combattants. Des innovations cruciales ont vu le jour sur les champs de bataille, notamment des unités chirurgicales mobiles, des médicaments antipaludéens adaptés aux conditions difficiles et des transfusions sanguines sur le terrain, qui ont permis de sauver des dizaines de milliers de vies et de soutenir la cause révolutionnaire.
Avec la fin de la guerre et la réunification du pays, le secteur de la santé s’est recentré sur les soins à l’échelle nationale. Un réseau a été progressivement mis en place, allant des grands hôpitaux centraux de Hà Nội et de Hồ Chí Minh City aux établissements des provinces, des districts, des communes et des villages. La médecine préventive est devenue une pierre angulaire, avec des campagnes de masse contre la variole, la polio et d’autres maladies infectieuses. Des initiatives d’éducation à la santé ont promu l’hygiène et la nutrition, renforçant les connaissances du public en matière de santé et jetant les bases d’une généralisation des soins primaires, même dans les communautés les plus reculées.
Le système hospitalier a connu une croissance importante, passant d’une poignée d’établissements dans les années 1950 à 1 718 établissements fin 2024, dont 384 hôpitaux privés. Chaque année, ces établissements accueillent plus de 170 millions de patients ambulatoires et plus de 17 millions de patients hospitalisés. La technologie numérique a récemment révolutionné les soins, permettant aux meilleurs hôpitaux de collaborer avec plus de 1 500 sites dans tout le pays, y compris dans les hautes terres et les îles éloignées. Les spécialistes des grandes villes offrent désormais des consultations aux patients éloignés, tandis que la médecine traditionnelle, profondément ancrée dans la culture vietnamienne, a été intégrée dans le réseau officiel de soins de santé.
Les progrès de la médecine vietnamienne sont frappants. Les chirurgiens pratiquent couramment des greffes de foie, de rein, de cœur et de poumons, ainsi que des procédures assistées par robot et des thérapies à base de cellules souches. Les centres de fécondation in vitro ont atteint des taux de réussite équivalents aux normes mondiales. L’expertise médicale du Viêt Nam, qui dépendait autrefois de la formation étrangère, attire aujourd’hui la collaboration internationale.
Le secteur de la santé a fait face à des défis majeurs en matière de santé publique et les a surmontés. Le Việt Nam a été la première nation à réussir à contenir l’épidémie de SRAS en 2003, ce qui témoigne de sa préparation et de sa capacité à réagir rapidement. Les progrès en matière de VIH/sida ont également été significatifs, permettant d’éviter près d’un million de nouvelles infections depuis les années 1990 et, plus récemment, le Việt Nam est devenu un leader régional dans l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). La pandémie de COVID-19 a exigé une mobilisation encore plus grande, avec des quarantaines à l’échelle nationale, des tests de masse, une vaccination rapide et des traitements innovants mis en œuvre dans le cadre d’un effort national unifié.
Grâce à un travail constant en matière de médecine préventive, le Việt Nam a éradiqué de nombreuses maladies, dont la variole, la polio, le tétanos néonatal et, plus récemment, le trachome. L’espérance de vie est passée de 40 ans en 1960 à près de 74 ans en 2020. Les taux de malnutrition infantile et de mortalité maternelle ont chuté de manière spectaculaire, tandis que la taille moyenne a augmenté.
L’accès aux soins de santé s’est développé parallèlement à l’assurance maladie. Alors qu’elle ne couvrait que 58 % de la population en 2009, l’assurance couvre aujourd’hui 93,35 % de la population, et plus de 93 millions de personnes y seront affiliées d’ici 2023. Le nombre de visites médicales assurées a doublé et plus de 12 800 établissements au niveau national sont désormais sous contrat avec le programme d’assurance, y compris un nombre croissant d’établissements privés. Cet accès élargi a permis de soulager les hôpitaux publics et d’offrir un plus grand choix aux patients.
Les responsables politiques vietnamiens considèrent que les soins de santé sont essentiels au développement durable. Des plans sont en cours pour réduire les coûts pour les patients, avec pour objectif la gratuité universelle des soins hospitaliers entre 2030 et 2035. À partir de 2026, chaque citoyen bénéficiera d’un bilan de santé annuel, la priorité étant donnée aux plus vulnérables. Le gouvernement investit dans la formation, les infrastructures et la gestion afin de garantir un accès égal à des soins de qualité, même dans les régions éloignées et défavorisées. L’achèvement d’un cadre institutionnel moderne reste une priorité, avec l’engagement de veiller à ce que, comme le dit le ministre de la santé Đào Hồng Lan, “personne ne soit laissé pour compte”. Le secteur de la santé du Viêt Nam témoigne ainsi de sa résilience, de son sens de l’innovation et de son profond attachement au bien-être de sa population.