Le système de santé suisse fait l’objet d’appels urgents à la réforme en raison de l’augmentation des coûts et du mécontentement de la population, les propositions des sociaux-démocrates et du centre n’ayant pas réussi à obtenir le soutien des électeurs. Les experts estiment qu’il est nécessaire de mieux répartir les responsabilités entre les niveaux fédéral et cantonal, d’accroître la transparence de la qualité des services et de mettre l’accent sur l’amélioration de l’efficacité.
Le système de santé suisse se trouve à un tournant décisif, l’ensemble du spectre politique s’accordant sur la nécessité d’une réforme. Malgré les efforts du Parti social-démocrate et du Centre pour promouvoir des initiatives visant à améliorer le système, ils ont eu du mal à obtenir un soutien suffisant de la part de l’opinion publique.
La proposition des sociaux-démocrates de limiter les primes d’assurance maladie à un maximum de 10 % du revenu disponible a fait craindre des augmentations d’impôts nécessaires pour financer des subventions supplémentaires, ce qui a suscité la réticence des électeurs. De même, l’initiative du Centre visant à contrôler les dépenses de santé manquait de spécificité, ce qui a nui à son attrait. Alors que les coûts des soins de santé continuent d’augmenter, faisant peser une pression supplémentaire sur les ménages à faibles revenus, la réforme reste une question urgente à l’ordre du jour politique.
Stéfanie Monod, experte du système de santé suisse, souligne l’urgence d’agir, affirmant que le mécontentement de la population à l’égard du système actuel ne peut être ignoré. Mme Monod estime que la structure fédérale régissant les soins de santé en Suisse est dépassée. Elle plaide pour une redistribution des responsabilités, préconisant un rôle fédéral plus important dans des domaines tels que la planification hospitalière et la formation des professionnels de la santé, tout en laissant la coordination des soins primaires aux cantons. Ce changement pourrait garantir une meilleure surveillance et une plus grande efficacité dans la gestion des ressources en matière de soins de santé.
D’un autre côté, Jérôme Cosandey, directeur du groupe de réflexion libéral Avenir Suisse, soutient que le système fédéral est une force plutôt qu’une faiblesse. S’appuyant sur son expérience à Mumbai, M. Cosandey apprécie la flexibilité offerte par la présence de 26 lois sanitaires distinctes dans les cantons, ce qui permet d’apporter des réponses adaptées aux besoins de la population locale. Il souligne que les primes plus basses dans les cantons germanophones réduisent la nécessité de subventions par rapport aux régions francophones, ce qui permet de mieux cibler l’aide financière pour les ménages à faible revenu.
Pour lutter contre l’augmentation des coûts, M. Cosandey plaide en faveur d’une plus grande transparence en ce qui concerne la qualité des services de santé. Il estime que la mise en évidence des domaines où les soins sont de grande valeur peut contribuer à rationaliser les dépenses sans compromettre les services essentiels. Toutefois, il s’oppose aux propositions visant à réduire l’étendue de la couverture de l’assurance maladie obligatoire, estimant que le problème réside davantage dans l’application des services que dans les services eux-mêmes.
L’économiste de la santé Joachim Marti ajoute une autre dimension à la discussion, en suggérant que si l’augmentation des coûts des soins de santé reflète les priorités de la société – telles que les attentes accrues en matière de santé et le vieillissement de la population – il existe également des inefficacités auxquelles il est possible de remédier. Il souligne l’importance de maintenir la qualité des soins tout en trouvant des moyens de réduire les dépenses inutiles. M. Marti propose plusieurs mesures concrètes, notamment investir davantage dans les soins préventifs, améliorer la coordination des soins, mettre en place des contrôles plus stricts sur le prix des médicaments et éviter les traitements qui n’offrent qu’une faible valeur ajoutée.
En fin de compte, le discours actuel sur le système de santé suisse souligne la nécessité d’une réforme globale pour faire face à la fois à l’augmentation des coûts et à la qualité des soins. Alors que les parties prenantes continuent de débattre et de proposer diverses solutions, le défi consistera à trouver une approche équilibrée qui réponde aux divers besoins de la population tout en garantissant la viabilité du système de santé.