Notre experte régionale, Esabelle Yam Lo Yan, de l’Australian National University, nous fait part de son point de vue sur la protection sociale des personnes handicapées, en soulignant les leçons tirées de l’expérience australienne et singapourienne.
La région Asie-Pacifique compte 690 millions de personnes handicapées. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), seules 21,6 % des personnes gravement handicapées sont couvertes par des prestations d’invalidité dans la région. Nous savons que les personnes handicapées rencontrent des difficultés dans leur recherche d’éducation et d’emploi, en plus des besoins de soins qui peuvent les épuiser financièrement, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la pauvreté. Dans ce bref article, je présente les régimes d’invalidité de Singapour et d’Australie comme des exemples à prendre en compte dans la conception et la mise en œuvre de la protection sociale des personnes handicapées.
À Singapour, CareShield Life est un régime d’assurance qui mutualise les risques en incitant les individus à payer des primes pendant leurs années de travail afin de leur apporter un soutien financier en cas d’incapacité grave à accomplir les activités physiques de la vie quotidienne. Une personne est considérée comme gravement handicapée si elle ne peut effectuer trois des six activités physiques suivantes : se laver, se laver, s’habiller, se nourrir, aller aux toilettes, marcher ou se déplacer, et se transférer. Le régime d’assurance prévoit le versement d’une somme mensuelle en espèces aux personnes gravement handicapées afin de les aider à obtenir des soins de longue durée, et ce aussi longtemps qu’elles restent handicapées. Les bénéficiaires ont la possibilité d’utiliser le versement en espèces pour décider de la formule de soins souhaitée qui répond le mieux à leurs besoins en matière de soins.
En Australie, le régime national d’assurance invalidité (NDIS) est un régime d’invalidité financé par l’État qui reconnaît les handicaps intellectuels, physiques, sensoriels, cognitifs et psychosociaux. Il fournit également une intervention précoce aux personnes handicapées ou aux enfants présentant un retard de développement qui remplissent les conditions requises. Le NDIS finance des activités visant à soutenir les bénéficiaires dans leur vie quotidienne, en s’appuyant sur des plans de soins personnalisés élaborés en collaboration avec les bénéficiaires afin de répondre à leurs objectifs et à leurs besoins. Le financement peut être utilisé pour un large éventail d’activités visant à soutenir les bénéficiaires dans leurs activités quotidiennes, telles que la participation à la vie sociale et communautaire. Il peut également aider les bénéficiaires à acquérir l’indépendance nécessaire à la réalisation de leurs objectifs, comme trouver et conserver un emploi ou acheter des technologies d’assistance.
Les gouvernements devraient envisager des régimes d’invalidité pour s’assurer que les personnes handicapées bénéficient d’une protection financière et d’un soutien adéquats dans leur accès aux soins. Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes handicapées augmentera. Il est donc d’autant plus important de disposer d’un régime spécifique pour répondre aux besoins en matière de santé et d’aide sociale découlant du handicap. La reconnaissance des différentes formes de handicap, les points d’intervention (avant ou après le handicap), la portée et l’objectif de l’aide, et les mécanismes de génération et d’achat de ressources sont autant de considérations à prendre en compte lors de la conception de régimes de handicap destinés à répondre aux différents besoins de la population.
Au sein du réseau P4H, nous pouvons plaider en faveur d’une protection sociale de la santé pour les personnes handicapées par le biais d’examens de la portée des régimes d’invalidité dans la région et dans le monde, et organiser le partage des connaissances avec et entre les parties prenantes du gouvernement.
Esabelle occupe le poste de responsable de l’engagement international à l’Université nationale australienne (ANU), où elle s’engage auprès des parties prenantes universitaires et régionales sur des questions clés de santé mondiale. Elle est titulaire d’un master en politique de santé de l’Imperial College de Londres et poursuit actuellement un doctorat en économie de la santé à l’Université nationale de Singapour.