Le Dr Tlaleng Mofokeng, rapporteur spécial des Nations unies, a participé à la conférence sur la santé mondiale de l’UCT. Il a insisté sur le fait que l’accès universel à la santé en Afrique doit donner la priorité à la dignité, à l’équité et à la solidarité, au-delà des cliniques et des budgets. Elle a appelé les cliniciens à défendre les droits et les systèmes à démanteler les inégalités pour un véritable accès.
Le 1er septembre, la faculté des sciences de la santé de l’université du Cap a organisé sa conférence annuelle sur la santé mondiale, axée sur le thème pressant de l’accès universel à la santé en Afrique : Où en sommes-nous ?” Le discours principal a été prononcé par le Dr Tlaleng Mofokeng, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la santé, dont les réflexions profondément personnelles et les points de vue professionnels ont encadré le discours de la soirée. S’appuyant sur son expérience d’enfant ayant grandi sous l’apartheid, de médecin et de fonctionnaire des Nations unies, elle a souligné que l’accès universel à la santé n’est pas seulement une question d’infrastructure et de budget, mais aussi de dignité, d’équité et de droits de l’homme.
Le Dr Mofokeng a souligné que la santé doit être comprise au-delà des hôpitaux et des cliniques, et englober des besoins fondamentaux tels que l’eau potable, une alimentation nutritive et des lieux de travail sûrs qui permettent aux gens de vivre dans la dignité. Elle a établi un lien entre le droit à la santé et une participation plus large à la société – la productivité économique, l’éducation et l’épanouissement humain – en soutenant que lorsque la dignité guide les politiques, les résultats s’améliorent. Les six années qu’elle a passées aux Nations unies ont été marquées par ce principe, illustré par des exemples allant de la santé maternelle en Inde aux cliniques de base pour les transsexuels au Brésil. Cependant, elle a souligné que les systèmes de santé sont fondamentalement une question de pouvoir, façonnés par ceux qui contrôlent l’accès et ceux qui sont exclus. Les pratiques qui exigent un justificatif de domicile pour la contraception ou qui stigmatisent les travailleurs du sexe, les personnes LGBTQ+, les migrants et les personnes handicapées perpétuent l’inégalité. Les obstacles tels que la bureaucratie, a-t-elle averti, se traduisent directement par de moins bons résultats en matière de santé.
Le débat qui a suivi, auquel ont participé des universitaires de l’UCT et des experts internationaux, s’est inscrit dans la lignée de ces thèmes. Des questions telles que l’assurance maladie nationale de l’Afrique du Sud, l’équilibre entre les prestataires privés et publics et le rôle essentiel des agents de santé communautaires ont été débattues. La conclusion commune a été que la dignité et la solidarité doivent guider la pratique quotidienne de la santé, et pas seulement les cadres politiques. Le professeur Mosa Moshabela, vice-chancelier de l’UCT, a insisté sur ce point, soulignant que l’accès universel à la santé est urgent et personnel pour l’Afrique, et demandant à l’université de veiller à ce que les progrès scientifiques et technologiques se traduisent par des soins équitables.
Tout au long de sa conférence, le Dr Mofokeng a souligné que les agents de santé communautaires étaient des défenseurs de première ligne de la dignité, attentifs aux réalités sociales qui se cachent derrière les résultats médicaux. Elle a mis en garde contre l’autosatisfaction, soulignant la coexistence en Afrique du Sud d’une excellence de niveau mondial et d’une inégalité profondément ancrée, et a exhorté les cliniciens à se considérer comme des défenseurs des droits de l’homme autant que comme des professionnels de la santé. Selon elle, il faut pour cela repenser la culture de la profession, dépasser l’épuisement professionnel et la rigidité pour aller vers la solidarité et l’autonomisation.
Dans son dernier appel, elle a présenté l’accès universel à la santé comme un acte de solidarité plutôt que de charité, mettant en garde contre la dépendance à l’égard des donateurs extérieurs et exhortant les nations africaines à soutenir leurs propres systèmes. L’événement s’est achevé sur les réflexions des dirigeants de l’UCT, qui ont insisté sur la nécessité de lier l’ambition politique aux réalités du terrain. Le message de la conférence était clair : l’accès universel à la santé en Afrique doit être fondé sur la dignité, l’équité et le partage des responsabilités.