Le Viêt Nam a étendu l’assurance maladie à 94 % de sa population, l’objectif étant la gratuité des soins d’ici 2035. Mais les frais à la charge des patients restent élevés (40 %). Le Dr Pratt de l’OMS insiste sur le renforcement du financement, les réformes en matière d’efficacité, les soins primaires et l’innovation pour parvenir à une couverture sanitaire universelle et protéger les familles vulnérables.
Le système de financement de la santé au Viêt Nam a fait l’objet de réformes majeures ces dernières années, ce qui rapproche le pays de son objectif de couverture sanitaire universelle (CSU). Selon le Dr Angela Pratt, représentante de l’Organisation mondiale de la santé au Viêt Nam, le pays a réalisé des progrès remarquables, puisque près de 94 % de la population est désormais couverte par une assurance maladie. Ce résultat signifie qu’un plus grand nombre de citoyens peuvent accéder aux soins nécessaires sans craindre d’être ruinés. Le gouvernement est allé plus loin en s’engageant à fournir des soins de santé gratuits d’ici à 2035.
Pourtant, d’importants défis persistent. Les dépenses à la charge des patients restent élevées, représentant plus de 40 % des dépenses totales de santé, ce qui est bien supérieur à la norme mondiale de moins de 20 %. Ce lourd fardeau affecte de manière disproportionnée les familles rurales et à faible revenu, les exposant à des coûts catastrophiques. Dans le même temps, le Viêt Nam est confronté à la fin de l’aide des principaux donateurs, au vieillissement rapide de sa population et à l’augmentation de la prévalence des maladies non transmissibles. Le renforcement du système de santé communal, pierre angulaire de l’approche vietnamienne, est essentiel mais nécessitera des ressources supplémentaires et de l’innovation.
Le Dr Pratt a souligné qu’un financement adéquat et bien structuré de la santé est essentiel à la réalisation de la santé publique universelle. Il permet non seulement de financer les services médicaux et les infrastructures, mais aussi de renforcer les capacités du personnel de santé, d’assurer un approvisionnement fiable en médicaments essentiels et de soutenir la gouvernance et la fourniture de services efficaces. La réussite des stratégies dépend d’un engagement politique fort, d’un financement public suffisant, d’une réglementation transparente et d’un suivi permettant de s’assurer que les ressources sont utilisées de manière équitable et efficace.
Pour le Viêt Nam, la voie à suivre consiste à renforcer l’efficacité. Il s’agit notamment de réduire la fragmentation de la mise en commun des ressources financières, de lier la rémunération de certains travailleurs de la santé à leurs performances, d’aligner la couverture sur les objectifs politiques et d’investir dans des soins primaires et communautaires de qualité. Il sera également essentiel de mettre l’accent sur la prévention plutôt que sur les soins de crise, de déployer la technologie numérique pour alléger la charge de travail et de clarifier les règles relatives aux paiements directs. Ces mesures, a souligné le Dr Pratt, peuvent permettre de maintenir les acquis tout en aidant le Viêt Nam à offrir à tous des soins de santé abordables, équitables et résilients.