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Faire fonctionner le système de santé universel aux Philippines - P4H Network

Faire fonctionner le système de santé universel aux Philippines

En 2024, le gouvernement philippin a transféré 60 milliards de pesos de fonds PhilHealth au Trésor, déclenchant une controverse et un arrêt de la Cour suprême sur les transferts ultérieurs. Le président s’est engagé à rétablir les fonds en 2026, mais les experts avertissent que l’argent liquide ne suffira pas à résoudre les problèmes de prestation de services ou de santé publique universelle.

En 2024, le gouvernement philippin a balayé les soldes inutilisés des sociétés détenues et contrôlées par l’État, extrayant notamment 60 milliards de pesos de PhilHealth, avec des tranches en mai, août et octobre, avant que la Cour suprême n’interrompe un quatrième transfert prévu. Les autorités ont justifié cette opération par la nécessité de faire face à des dépenses urgentes : indemnités des personnels de santé en souffrance, assistance médicale aux indigents, agrandissement des hôpitaux publics, modernisation des équipements et projets d’infrastructures sanitaires. Le gouvernement a depuis annoncé que les 60 milliards de pesos seraient restitués sous forme d'”économies” dans le budget 2026, mais cela dépend de conditions fiscales favorables et des requêtes en cours devant la Cour suprême qui contestent le transfert initial.

L’enjeu ne se limite pas à la rentrée d’argent. Bien que PhilHealth ait élargi les prestations et augmenté les paiements pour les maladies complexes, des problèmes persistants subsistent : Six ans après l’adoption de la loi sur les soins de santé universels (UHC), sa mise en œuvre n’est toujours pas achevée. L’objectif de la loi sur les soins de santé universels est de consolider le financement – les entrées de PhilHealth, les subventions du ministère de la santé et les budgets de santé des collectivités locales – en un seul Fonds spécial de santé (FSS) pour chaque province ou ville, géré dans le cadre d’un plan et d’un budget uniques, afin de rationaliser l’approvisionnement et les paiements.

Actuellement, les installations et le financement de la santé sont fragmentés, ce qui entraîne des retards dans la fourniture de médicaments, des fonds inutilisés, des blocages politiques et une tendance à privilégier les dépenses salariales au détriment des opérations ou des fournitures, en particulier pour les UGL les plus pauvres qui dépendent de la part de l’impôt national. Une étude récente de l’Ateneo Policy Center a révélé que si les budgets de santé des collectivités territoriales ont augmenté depuis 2022, les résultats sont restés à la traîne en raison de ces inefficacités.

Pour y remédier, l’article recommande de mettre pleinement en œuvre la CMU et d’utiliser le SHF comme porte-monnaie opérationnel unique pour les achats et les paiements dans le domaine de la santé, avec des rapports transparents et réguliers pour contrôler les fonds et les services. Le transfert de l’argent de PhilHealth des comptes de l’entreprise vers les SHF, régis par les conseils de santé locaux et la Commission d’audit, rendrait les “balayages” plus difficiles et garantirait que les fonds soient directement affectés à la prestation de services de santé.

Les principales mesures de protection consistent à lier les fonds du SHF à des obligations exécutoires ou à des contrats avec les prestataires, à mettre en place des procédures d’audit et de rapprochement régulières et à publier des tableaux de bord sur les inscriptions, l’utilisation, les livraisons et les résultats afin d’améliorer la transparence et de décourager les détournements de fonds. Malgré cela, de nouvelles opérations de balayage sont possibles si d’importants soldes non dépensés persistent ou si le Congrès modifie la loi. Mais plus le financement de la santé s’aligne sur les systèmes de santé organisés à l’échelle d’une province ou d’une ville, moins les fonds vitaux sont vulnérables.

En fin de compte, le seul retour des fonds est insuffisant. En l’absence de réformes structurelles et de mécanismes de responsabilisation solides, l’augmentation des budgets ne permettra pas d’obtenir de meilleurs résultats pour les patients philippins. Le véritable progrès exige l’achèvement des changements systémiques de l’UHC – ce n’est qu’à ce moment-là que les milliards restitués seront utilisés au chevet des patients, au lieu de rester inutilisés ou de risquer de faire l’objet d’une nouvelle opération de balayage.

 

Référence
Marvin Tort, Faire fonctionner les soins de santé universels, Le monde des affaires, 02 Oct 2025