L’inefficacité des soins de santé au Togo limite les résultats malgré les investissements, avec des pénuries de médicaments, des disparités de main-d’œuvre et des lacunes en matière d’équipement. Grâce à la boîte à outils FinHealth, le Togo a pu établir un lien entre les problèmes de gestion financière et les défis en matière de services, ce qui a favorisé la collaboration interministérielle et des réformes ciblées améliorant l’efficacité en vue d’une couverture sanitaire universelle.
Malgré les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies, le système de santé du Togo reste confronté à d’importantes inefficacités qui limitent l’impact des dépenses de santé du gouvernement. Par rapport à des pays ambitieux comme le Ghana, le Maroc et le Rwanda, les résultats sanitaires du Togo s’améliorent plus lentement et les disparités persistent, notamment avec les femmes enceintes des zones urbaines qui ont deux fois plus de chances de recevoir des soins qualifiés que celles des régions rurales. Les principaux problèmes qui entravent la prestation des soins de santé sont les pénuries de médicaments qui touchent près de la moitié des établissements de soins de santé primaires, la répartition inégale des travailleurs de la santé concentrés dans la capitale et la disponibilité insuffisante d’équipements médicaux essentiels tels que les échographes et les tomodensitomètres. Il est essentiel de remédier à ces inefficacités au moment où le Togo s’engage dans des réformes du financement de la santé visant la couverture sanitaire universelle, avec le risque que l’extension de la couverture d’assurance sans résoudre les problèmes systémiques ne submerge le système.
Pour résoudre ces problèmes, le Groupe de la Banque mondiale, en partenariat avec le gouvernement togolais, a appliqué la boîte à outils FinHealth, une approche innovante combinant la gestion des finances publiques (GFP) et les perspectives du secteur de la santé pour analyser comment la GFP influe sur la prestation des soins de santé. Par exemple, les pénuries de médicaments résultent d’un mélange complexe de défis opérationnels et de GFP : les remboursements d’assurance sont retardés par des processus d’approbation à plusieurs niveaux, ce qui ralentit le flux des fonds nécessaires à l’achat de médicaments ; les agences d’approvisionnement s’appuient sur des données de vente historiques dépassées plutôt que sur des prévisions de la demande réelle de l’établissement soutenues par le logiciel existant de l’hôpital ; et les prescriptions penchent souvent vers les médicaments de marque plutôt que vers les génériques rentables. En outre, de nombreux personnels de santé ne sont pas formés à la gestion des stocks, ce qui aggrave encore les pénuries.
Le processus FinHealth a permis de tirer trois enseignements principaux de l’expérience du Togo. Tout d’abord, la promotion de la collaboration entre les ministères clés – notamment ceux de la santé, de l’accès universel aux soins de santé et des finances – par le biais de visites conjointes sur le terrain dans plus de 20 établissements de santé, a permis de créer une compréhension commune et d’accélérer la résolution des problèmes. Un engagement politique soutenu de haut niveau est essentiel pour surmonter l’inertie institutionnelle et les incitations dont bénéficient certaines parties prenantes réticentes à la réforme. Deuxièmement, la méthodologie axée sur les problèmes a permis d’adapter l’analyse afin de relier directement les problèmes spécifiques de prestation de services à leurs causes en matière de gestion des finances publiques, produisant ainsi des recommandations ciblées et exploitables au lieu d’examens généraux. Troisièmement, la sensibilisation à l’inefficacité des dépenses a donné lieu à des réformes concrètes, telles que la collaboration entre le ministère de la santé et le ministère des finances pour mettre au point un système numérique de suivi des biens médicaux, améliorant ainsi la transparence des équipements dans les hôpitaux.
Dans l’ensemble, la boîte à outils FinHealth offre un cadre pratique pour les pays à faibles ressources comme le Togo qui s’efforcent d’améliorer l’efficacité des soins de santé en intégrant systématiquement les connaissances en matière de gestion financière aux réalités des services de première ligne. Cette approche intégrée permet de concevoir des solutions ciblées et durables pour relever les défis de longue date du système de santé et promouvoir les objectifs de couverture sanitaire universelle.
