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Le sommet africain cherche des solutions à la crise du financement de la santé - P4H Network

Le sommet africain cherche des solutions à la crise du financement de la santé

Lors du sommet sur la souveraineté sanitaire en Afrique, les dirigeants, sous la houlette du président du Ghana, M. Mahama, et de l’ancien président du Nigeria, M. Obasanjo, ont appelé à des systèmes de santé financés par l’Afrique, rejetant ainsi la dépendance à l’égard de l’aide. Tedros, de l’OMS, a insisté sur les taxes, l’efficacité et la souveraineté en matière de santé pour contrer les réductions massives de l’aide et les pertes financières structurelles.

Lors du sommet sur la souveraineté sanitaire en Afrique qui s’est tenu à Accra, au Ghana, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a déclaré que “l’Afrique a besoin de santé sans aide”, exhortant les dirigeants à créer un fonds de santé à l’échelle du continent sous l’égide de la Banque africaine de développement. Le financement initial, a-t-il proposé, pourrait provenir d’une taxe sur les passagers des compagnies aériennes à destination ou en provenance des pays africains. M. Obasanjo a appelé les dirigeants à cesser de se lamenter sur les réductions de l’aide et à rechercher plutôt des solutions audacieuses et locales à la crise du financement de la santé en Afrique.

Le sommet, accueilli par le président ghanéen John Dramani Mahama, a été convoqué en réponse aux réductions sans précédent de l’aide au développement, qui a chuté de 40 % au cours des deux dernières années, soit la baisse la plus importante depuis des décennies, en particulier depuis la suspension des programmes d’aide américains. M. Mahama a décrit ces réductions non seulement comme un déficit de financement, mais aussi comme “une crise de l’imagination, un vide de solidarité et un échec profond de la responsabilité partagée”.

S’appuyant sur le plaidoyer de dirigeants tels que Paul Kagame du Rwanda, M. Mahama a annoncé la création d’un groupe de travail présidentiel de haut niveau sur la gouvernance mondiale de la santé, afin d’inciter les dirigeants et les partenaires africains à redéfinir un système de santé qui reflète les besoins, les voix et les innovations de l’Afrique. Il a reconnu que le retrait brutal des donateurs avait paralysé le modèle ghanéen de soins de santé primaires basés sur la communauté, ce qui a incité le gouvernement à débloquer le financement de l’assurance maladie et à lancer le Ghana Medical Trust Fund pour lutter contre les maladies chroniques.

M. Mahama a également dévoilé SUSTAIN (ScalingUp Sovereign Transitions and Institutional Networks), un outil permettant de cartographier toutes les sources nationales et internationales de financement de la santé, d’identifier les lacunes et de mobiliser les ressources du secteur privé, de la philanthropie et de la diaspora en vue d’un financement durable de la santé.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti que les réductions de l’aide “provoquent les perturbations les plus graves pour les systèmes de santé depuis le pic de la pandémie de COVID-19”. Selon les estimations de l’OMS, l’aide à la santé pourrait diminuer de 40 % rien que cette année, ce qui aurait pour effet d’immobiliser des médicaments dans des entrepôts, de fermer des cliniques et de priver des millions de personnes de soins. Néanmoins, Tedros voit une opportunité pour l’Afrique de passer de la dépendance à l’aide à la souveraineté, à l’autonomie et à la solidarité.

Décrivant la dépendance à l’égard de l’aide comme insoutenable, Tedros a affirmé que “l’Afrique n’a pas besoin de charité. L’Afrique a besoin de conditions équitables”. Il a exhorté les gouvernements à financer les prestations de santé essentielles, à appliquer des taxes sanitaires plus élevées sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées, ce qui pourrait générer 3 700 milliards de dollars au niveau mondial sur cinq ans, et à recourir à la mise en commun des achats, à la fabrication nationale et aux systèmes budgétaires numériques pour renforcer l’efficacité. Cependant, il a mis en garde contre le fait que 13 % des budgets de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire ne sont pas dépensés en raison de la faiblesse des systèmes financiers.

Soulignant les défis structurels, M. Tedros a indiqué que l’Afrique avait reçu 74 milliards de dollars d’aide en 2023, mais qu’elle avait perdu 90 milliards de dollars en flux financiers illicites et 55 milliards de dollars en exonérations d’impôts sur les sociétés, soulignant que le continent donnait plus qu’il ne gagnait.

M. Mahama a conclu en exhortant les ministres des finances à considérer les dépenses de santé comme un investissement économique, et non comme une perte, en s’appuyant sur les données de l’OMS selon lesquelles chaque dollar investi dans la résilience des systèmes de santé rapporte jusqu’à 4 dollars, un montant qui pourrait être encore plus élevé en Afrique en raison de la jeunesse et du dynamisme de la population de ce continent.

Référence
Kerry Cullinan, Le sommet africain cherche des solutions à la crise du financement de la santé, Observatoire des politiques de santé, 06 Aug 2025