Le gouvernement ougandais, confronté à la réduction du financement des donateurs, a organisé un dialogue de haut niveau pour donner la priorité à un financement national durable de la santé, en mettant l’accent sur l’augmentation des investissements dans les soins primaires, l’efficacité, l’équité et les mécanismes de financement novateurs. Le dialogue s’est conclu par des engagements visant à renforcer la résilience du système de santé et la protection financière, en préconisant des réformes audacieuses, inclusives et menées au niveau national pour parvenir à une couverture sanitaire universelle et répondre à l’évolution des besoins du pays en matière de santé.
Alors que l’Ouganda est confronté à des difficultés croissantes pour financer son secteur de la santé dans un contexte de baisse du soutien des donateurs, le gouvernement a réaffirmé son engagement à donner la priorité à la santé dans tous les secteurs. Cet engagement a été souligné lors d’un dialogue national de haut niveau sur le financement de la santé qui s’est tenu pendant trois jours à Kampala, à l’initiative du ministère de la santé, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de divers partenaires de développement. Le dialogue, intitulé “Stratégies de financement durable de la santé pour une couverture sanitaire universelle et des systèmes de santé résilients en Ouganda”, a rassemblé plus de 300 participants, dont des fonctionnaires, des parlementaires, des acteurs de la société civile, des représentants du secteur privé, des partenaires du développement et des experts internationaux. Le forum a permis d’évaluer le paysage actuel du financement de la santé en Ouganda et de tracer une voie stratégique vers une mobilisation accrue des ressources nationales, une amélioration de l’équité, de l’efficacité et de la durabilité.
Le Premier ministre Robinah Nabbanja a souligné que l’investissement dans la santé n’est pas seulement un impératif social, mais qu’il est également essentiel pour le développement économique. “Une population en bonne santé est l’épine dorsale du développement national”, a-t-elle déclaré. Elle a souligné les efforts déployés par le gouvernement pour élargir l’accès aux soins à tous les niveaux, notamment en renforçant les infrastructures et les ressources humaines, en garantissant la disponibilité des médicaments essentiels et en développant les programmes de promotion de la santé et de prévention des maladies, tels que les campagnes d’immunisation. Cependant, malgré ces progrès, les dépenses de santé actuelles de l’Ouganda s’élèvent en moyenne à 57 dollars US par habitant, ce qui est inférieur aux 86 dollars US recommandés par l’OMS pour fournir des services de santé essentiels. Les paiements directs restent importants, puisqu’ils représentent 28 % des dépenses totales de santé, tandis que près de la moitié du financement de la santé du pays dépend encore de l’aide des donateurs. Les donateurs devant réduire le financement externe de 25 % au cours des cinq prochaines années, l’urgence d’identifier des mécanismes de financement durables et locaux est évidente.
Le Dr Daniel Kyabayinze, directeur de la santé publique au ministère ougandais de la santé, a reconnu que le paysage financier évoluait rapidement et a souligné la nécessité de réformes garantissant un financement fiable et durable de la santé. Le Dr Kasonde Mwinga, représentante de l’OMS dans le pays, a salué les progrès réalisés par le gouvernement et a appelé à des efforts stratégiques pour renforcer le financement national, notamment en augmentant les investissements dans les soins de santé primaires et en proposant des solutions de financement novatrices. Elle a mis l’accent sur cinq grandes priorités de réforme pour le gouvernement : faire de l’efficacité et de la responsabilité des piliers non négociables du financement de la santé ; augmenter l’allocation du budget de la santé de 2 % du PIB actuellement à 5 % ; donner la priorité à l’investissement dans les soins de santé primaires ; tirer parti de sources de financement non traditionnelles telles que les taxes sur la santé ; et institutionnaliser l’équité afin de protéger les populations les plus vulnérables. Le Dr Mwinga a en outre assuré que l’OMS était prête à fournir une assistance technique, à diffuser les meilleures pratiques mondiales et à encourager la collaboration régionale pour soutenir ces réformes.
Lors de la clôture du dialogue, Gift Malunga, représentant de l’UNFPA en Ouganda et président du groupe des partenaires du développement dans le domaine de la santé, s’est fait l’écho des appels à donner la priorité au financement national dans le sillage de la diminution des ressources des donateurs. Le Dr Nandy Robin, représentant de l’UNICEF en Ouganda, a insisté sur l’importance d’investir dans les soins de santé primaires et les agents de santé communautaires afin de réduire les inégalités et de veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte. Les deux représentants ont souligné que la mobilisation des ressources nationales doit être à la hauteur de l’urgence des défis sanitaires auxquels l’Ouganda est confronté.
Le dialogue a souligné que les investissements durables dans la santé ne font pas que sauver des vies : ils stimulent également la productivité, améliorent les résultats scolaires et favorisent une croissance économique plus large grâce à l’industrialisation, au tourisme et à l’innovation. Toutefois, des défis subsistent, notamment une faible couverture d’assurance (moins de 5 %), une allocation inefficace des ressources et des systèmes de santé fragmentés qui empêchent une prestation de services optimale.
En conclusion, le gouvernement ougandais a publié un document de synthèse et un communiqué détaillant les engagements pris pour accroître le financement national de la santé, renforcer l’efficacité et l’équité, améliorer la protection financière et renforcer la gouvernance et la responsabilité. Le message dominant de ces trois jours est clair : les réformes du financement de la santé doivent être audacieuses, inclusives et menées par le pays. L’Ouganda se trouve à un moment critique, avec la nécessité de mettre en place un système de financement résilient qui permette de maintenir les acquis en matière de santé, de résister aux chocs extérieurs, de répondre efficacement aux besoins de la population et qui soit fermement ancré dans l’appropriation et le leadership nationaux. Il est temps d’agir.