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Réimaginer le financement de la santé en Afrique : Naviguer au lendemain du retrait des États-Unis de l'OMS - P4H Network

Réimaginer le financement de la santé en Afrique : Naviguer au lendemain du retrait des États-Unis de l’OMS

Le retrait des États-Unis de l’OMS et l’arrêt de l’aide étrangère représentent à la fois un défi et une opportunité pour les nations africaines de passer de la dépendance à l’égard des donateurs à l’autosuffisance dans la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU). En tirant parti de la coopération régionale, de la production locale et d’une forte implication de la société civile, l’Afrique peut renforcer ses systèmes de santé et améliorer sa capacité à relever les défis de la santé publique de manière indépendante.

Le retrait récent des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la pause de 90 jours dans l’aide étrangère sous la présidence de Donald Trump ont suscité d’importantes discussions autour de la santé mondiale, en particulier concernant la couverture sanitaire universelle (CSU). Les critiques avertissent que cette décision menace l’engagement de longue date de “ne laisser personne de côté”, tandis que certains y voient une chance pour l’Afrique de renforcer ses systèmes de santé publique et de passer de la dépendance à l’égard des donateurs à l’autosuffisance. Le rapport de suivi mondial “Tracking Universal Health Coverage : 2023 Global Monitoring Report” met en lumière des statistiques alarmantes : 4,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des soins de qualité à un prix abordable, dont 2 milliards sont confrontés à des difficultés financières et 1,3 milliard à la pauvreté en raison des frais de santé à leur charge. Pour de nombreux pays en développement qui dépendent du financement américain pour des programmes de santé essentiels comme la tuberculose, le paludisme, la santé maternelle et infantile et le VIH/sida, la réduction de l’aide étrangère pourrait exacerber ces problèmes.

Si ce changement géopolitique révèle la fragilité des systèmes dépendants des donateurs, il offre également aux nations africaines une occasion cruciale de repenser et de renforcer leur souveraineté en matière de santé, conformément à un nouvel ordre de santé publique. Cela nécessitera une approche globale impliquant un engagement politique fort et une participation active de la société civile. Les États-Unis ont toujours joué un rôle important dans la santé mondiale grâce à des initiatives telles que le Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR), qui a permis de sauver des millions de vies. Toutefois, la nature unilatérale du retrait des États-Unis de l’OMS suscite des contestations juridiques, le Congrès cherchant à y faire obstacle, ce qui souligne le rôle vital de l’organisation dans la sécurité sanitaire mondiale.

Face au retrait des États-Unis et au recul des accords internationaux, l’OMS préconise désormais des solutions de financement innovantes, tandis que les groupes philanthropiques et les économies émergentes, comme les BRICS, envisagent d’augmenter leurs contributions. Toutefois, leur implication devrait aller au-delà de l’aide financière, mais aussi de la collaboration technique et du partage des connaissances. La situation met particulièrement en évidence la dépendance de l’Afrique à l’égard de l’aide étrangère pour atteindre l’objectif de santé publique universelle. La réponse du continent au COVID-19 a mis en évidence son potentiel de coopération régionale et d’innovation, mais elle a aussi révélé des faiblesses, principalement la dépendance à l’égard de sources extérieures pour les fournitures médicales. Néanmoins, plusieurs nations africaines prennent des mesures pour améliorer la production locale de vaccins, les dirigeants plaidant pour une mobilisation accrue des ressources nationales.

Le nouvel ordre de santé publique de l’Union africaine vise à consolider ces progrès en mettant l’accent sur l’enrichissement institutionnel, la fabrication locale et le renforcement du financement national de la santé. Les organisations de la société civile (OSC) sont des partenaires essentiels dans cette entreprise. Elles servent de passerelles entre les communautés marginalisées et les décideurs politiques, plaident en faveur de la réalisation des objectifs de santé publique universelle et jouent ainsi un rôle indispensable dans ce processus de transformation.

Référence
Emeka Oguanuo et Tzar Oluigbo, Réimaginer le financement de la santé en Afrique : Naviguer au lendemain du retrait des États-Unis de l'OMS, Observatoire de la santé au Nigeria, 06 Feb 2025