Le gouvernement du Cambodge s’est lancé dans la couverture sanitaire universelle (CSU) avec l’approbation du cadre politique national de protection sociale en juillet 2017. Pour suivre la mise en œuvre de la politique nationale de protection sociale, le Conseil national de protection sociale (CNPS) et les structures associées, le Comité exécutif et le Secrétariat général (GS CNPS), ont été mis en place.
L’Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale ont publié conjointement un cadre commun pour le suivi des progrès vers l’UHC (indicateur 3.8 de l’objectif de développement durable) qui recommande de se concentrer sur la couverture des services de santé essentiels ainsi que sur un certain degré de protection contre les risques financiers. Ces deux mesures sont liées et devraient être mesurées en même temps, à tous les niveaux du système de santé. La protection contre les risques financiers est mesurée par l’incidence des dépenses de santé “catastrophiques” et l’incidence de l’appauvrissement dû à des dépenses de santé non remboursées.
L’enquête socio-économique cambodgienne (CSES) est le principal ensemble de données permettant d’obtenir toutes les informations nécessaires au suivi de la protection contre les risques financiers. Cette enquête est réalisée tous les cinq ans auprès d’un échantillon de 12 000 ménages (2004, 2009, 2014). Depuis 2009, cette enquête, qui utilise un instrument de collecte de données similaire, est répétée chaque année dans l’intervalle de ces enquêtes quinquennales avec un échantillon plus petit de 3 000 ménages. Le CSES fournit un ensemble complet d’indicateurs sur les conditions de vie au Cambodge, couvrant les principaux domaines socio-économiques tels que la santé, l’éducation, les conditions de logement, les activités économiques, la vulnérabilité, etc.
Jusqu’à présent, l’analyse de la CSES pour le suivi de la santé publique a été effectuée par des partenaires de développement. C’est pourquoi P4HC+ s’est lancé dans l’initiative de renforcer les capacités locales pour produire les informations requises. L’Institut national de santé publique (NIPH) a été désigné comme centre de ressources pour les informations relatives au suivi de la santé publique universelle. Son personnel transmettra ces informations au Département de la planification et de l’information sanitaire (DPHI) du ministère de la santé, qui informera à son tour le GS NSPC. Une attention particulière est accordée à l’évaluation critique des informations par les membres du personnel du GS NSPC, tandis que les membres du personnel de l’Institut national des statistiques (NIS), du ministère de la planification, sont également inclus dans la formation puisqu’ils produisent les données du CSES. Leur participation peut permettre de mieux apprécier les difficultés rencontrées par les personnes chargées d’analyser les données.
Ainsi, des membres du personnel du DPHI, du NIPH, du NIS et du GS NSPC, rejoints par des membres sélectionnés de l’Université des sciences de la santé (UHS), ont participé à une série d’ateliers axés sur l’analyse économétrique afin de produire et d’évaluer les informations requises. Les ateliers ont été animés par HP+ et Causal Design, avec le soutien financier et technique de P4H.
Le premier atelier de 4 jours a eu lieu en juin de cette année et s’est concentré sur la familiarisation des participants avec le traitement de grands ensembles de données secondaires, plus particulièrement le CSES. Il s’agissait notamment de nettoyer les données, de générer des questions opérationnelles, d’élaborer un plan analytique, de préparer les ensembles de données pour l’analyse, de traiter les données manquantes, de pondérer l’échantillon, de (re)coder, de connecter les fichiers pour l’analyse, d’élaborer un livre de codes, d’identifier et de sélectionner les variables pour formuler les taux de pauvreté.
Le deuxième atelier, qui s’est tenu du 17 au 20 septembre, a également réuni 18 participants de diverses institutions et s’est concentré sur l’évaluation descriptive de l’équité et de la protection contre les risques financiers. Il s’agissait notamment de familiariser les participants avec les concepts connexes. En utilisant les CSES de 2016 et 2017, les participants ont extrait les informations nécessaires pour calculer les dépenses de santé catastrophiques et appauvrissantes en utilisant différents seuils ainsi que des caractéristiques de la population telles que la localisation, le statut socio-économique, le sexe, les spécificités des ménages. L’année prochaine, deux autres ateliers de ce type seront organisés.