L’Association africaine d’économie et de politique de la santé a organisé sa 7e conférence scientifique biennale du 10 au 15 mars 2025 à Kigali, au Rwanda. La délégation malgache a apporté des contributions substantielles et a bénéficié de visites de terrain.
L’équipe de Madagascar, sous le leadership du WR, le Professeur Laurent Musango, a animé un panel sur le financement des soins de santé primaires et la promotion de l’assurance maladie à base communautaire. Deux communications, l’une sur la valeur actuelle des pertes humaines associées au COVID-19 et les pertes de productivité probablement évitées grâce à la vaccination contre le COVID-19 à Madagascar, l’autre sur la mise en œuvre de l’administration de masse de médicaments pour la filariose lymphatique, notamment l’efficacité et les économies financières de l’intégration dans une campagne existante contre la polio, ont aussi été présentées.
Personne focale P4H à Madagascar, Virgile Pace a fait son intervention sur l’impact du financement de la santé sur les résultats sanitaires dans la Grande Île. Il a fait un point sur la situation actuelle, identifiant les principaux défis, et analysant les réformes en cours. Les échanges avec les participants ont montré bon nombre de similitudes dans les difficultés rencontrées, en particulier relativement à la mobilisation des ressources (« crowding out »).
En parallèle de la conférence, des visites de terrain ont été conduites afin de mieux comprendre le fonctionnement des mutuelles de santé à base communautaire au Rwanda. Le Rwanda est, en effet, le seul pays de la région africaine et des LMICs à avoir quasiment atteint la couverture santé universelle grâce aux mutuelles de santé. Des échanges très fructueux ont été réalisés dans un centre de santé de base, un hôpital de district, au sein du National Health Intelligence Center du MoH, ainsi qu’au sein du Rwanda Social Security Board. L’équipe a appris énormément de ces rencontres, en particulier les facteurs clés à prendre en compte pour progresser vers la CSU grâce aux mutuelles de santé. Évidemment, les contextes rwandais et malgache sont profondément différents, et il faudra tenir compte des spécificités socio-économiques et politiques de Madagascar pour voir les éléments qui pourront être « importés » avec succès, de manière réaliste. D’ores et déjà, cependant, il faut relever le leadership politique, au plus haut niveau de l’État, une volonté politique réelle de protéger la population, ce qui se traduit par des arbitrages budgétaires en faveur des mutuelles de santé, des financements innovants qui traduisent cette priorisation, des paquets de soins et services de santé de qualité, effectivement accessibles par tous, dans des délais raisonnables, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, la confiance des populations dans le système et les acteurs, grâce à une gouvernance renforcée, réelle, effective, et le soutien des communautés.