Rédigé par
Hélène Barroy, Federica Margini, Triin Habicht, Tomas Roubal, Peter Cowley et Joseph Kutzin
Alors que les vaccins COVID-19 sont déployés à l’échelle mondiale, la question numéro un pour de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire est de savoir combien vont coûter l’achat et le déploiement des vaccins. S’il est légitime de se poser la question “combien ?”, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires, une autre question clé – “comment faire ?” – mérite également une attention particulière. Il est tout aussi important de déterminer comment canaliser les fonds nécessaires à la mise en place du vaccin que de déterminer le coût de la mise en place elle-même. À cet égard, la gestion des finances publiques (GFP) revêt une grande importance, car c’est elle qui soutient la distribution du dernier kilomètre d’un bien public essentiellement financé et géré par l’État.
Les premières données nationales indiquent que les goulets d’étranglement de la gestion des finances publiques, régulièrement rencontrés dans le secteur de la santé au cours de l’année écoulée, ont été réduits à néant. heures normales Le programme de vaccination COVID-19 est lui aussi affecté par la crise de la grippe aviaire. Voici quelques-unes des questions clés : Comment les coûts des vaccins et de la vaccination sont-ils formulés dans les structures budgétaires ? Comment les fonds seront-ils acheminés vers les prestataires de services de santé pour couvrir les coûts opérationnels ? Quelles sont les règles en matière d’embauche et de contrat ? des vaccinateurs temporaires ? Comment les prestataires seront-ils incités à fournir des services de vaccination ? Comment les mécanismes de notification peuvent-ils garantir la responsabilité financière des dépenses liées à la vaccination ?
Cet article décrit les “points de tension” de la PFM dans chaque phase du cycle budgétaire qui peuvent survenir tout au long du déploiement du vaccin. L’article s’appuie également sur des exemples nationaux pour illustrer les moyens possibles de surmonter ces obstacles.
Exécution du budget et modalités de dépenses
- L’autorisation des dépenses au niveau central et infranational : Des processus d’autorisation de dépenses lourds et à plusieurs niveaux, à tous les niveaux de l’administration, peuvent entraver l’efficacité des dépenses de santé. Avant le lancement du vaccin, plusieurs pays, comme l’Inde, ajusté les modalités afin que les fonds publics destinés aux biens et services COVID-19 puissent être décaissés plus rapidement dès l’ouverture des crédits. Les mêmes procédures continuent de s’appliquer, dans plusieurs pays, aux dépenses liées à la vaccination afin d’accélérer le décaissement des fonds. En Ukraine, les autorités ont également simplifié les procédures de transfert budgétaire vers les niveaux infranationaux et les entités d’achat chargées de la vaccination, afin de permettre un déploiement rapide des ressources pour la vaccination.
- Règles de passation des marchés : Les procédures de passation de marchés peuvent parfois faire obstacle à l’achat efficace de vaccins COVID-19 et d’autres produits connexes. La plupart des pays ont recours à des procédures de passation de marchés d’urgence pour acheter des vaccins et certains articles non liés aux vaccins (fournitures médicales, chaîne du froid, etc.). Ces procédures d’urgence permettent généralement des négociations directes avec les fabricants de vaccins et suppriment la procédure d’appel d’offres. Lorsque les dispositions relatives aux achats d’urgence n’ont pas été suffisamment complètes, certains pays, comme le Maroc et les Philippines, ont adopté des réglementations supplémentaires pour ces achats d’urgence afin d’autoriser la passation de contrats avec des fournisseurs exclusifs et le versement d’avances aux fabricants de vaccins. Toutefois, lorsque ces Comme les contrats et les montants des paiements sont tenus secrets, le processus a suscité des inquiétudes quant à la transparence financière et à la responsabilité.
- Modalités de passation des marchés avec les prestataires : Des politiques rigides en matière de recrutement de personnel et de contrats peuvent entraver l’efficacité de la distribution des vaccins. Dans de nombreux cas, il existe des cadres rigides – ou dans certains cas, pas de cadre du tout – pour la passation de contrats avec des prestataires privés dans le secteur de la santé. Certains pays mettent à jour leur cadre réglementaire pour faciliter les appels d’offres tout en veillant à ce que les fournisseurs sous contrat restent responsables des résultats. En Estonie, des prestataires privés supplémentaires ont été engagés pour vacciner les travailleurs de première ligne. Le Fonds estonien d’assurance maladie a lancé un appel à candidatures pour identifier de nouveaux prestataires et a élaboré un nouveau modèle de contrat pour s’assurer que leur travail était conforme aux exigences en matière de vaccination.
- Paiement et incitations aux prestataires : L’absence ou l’incohérence des mesures d’incitation pour les prestataires peut influer sur l’efficacité du déploiement des vaccins. La révision des méthodes de paiement pour soutenir la fourniture de vaccins peut contribuer à atténuer le problème. En Ukraine, le gouvernement a ajouté une redevance de vaccination à la capitation versée aux prestataires de soins primaires. Dans d’autres pays, une rémunération supplémentaire à l’acte a été introduite pour encourager l’offre ; en Estonie, la rémunération à l’acte est versée aux médecins de famille, tandis qu’en Italie, elle est versée aux pharmaciens.
- Règles d’utilisation des ressources par les prestataires : Les agents de santé de première ligne sont souvent entravés par un manque d’accès direct aux fonds opérationnels, ainsi que par de lourdes règles d’autorisation et de déclaration (généralement en fonction de la consommation d’intrants spécifiques) lorsque des ressources sont mises à leur disposition. Plusieurs pays ont commencé à mettre à jour leurs cadres de gestion des finances publiques pour permettre aux travailleurs de première ligne de recevoir et de gérer directement des fonds publics, notamment pour le déploiement du vaccin et les biens et services liés au COVID-19. Par exemple, les Philippines mettent en œuvre la loi Bayanihan to Heal as One Act qui permet des paiements prospectifs par la principale agence d’achat, Philhealth, à plus de 700 établissements éligibles. D’autres pays qui ne s’appuient pas sur des agences d’achat distinctes envisagent également de réviser les mécanismes habituels de gestion des finances publiques afin de responsabiliser les acteurs de première ligne et de leur permettre de recevoir et de gérer directement les fonds publics.
Rapports sur les dépenses et obligation de rendre compte
- Suivi des dépenses de vaccination : La faiblesse des systèmes de notification, la multiplicité des processus de notification et une vision étroite ou incomplète des dépenses liées à la vaccination peuvent être à l’origine de difficultés en matière de responsabilité financière. Certains pays, comme le Ghana, ont commencé à attribuer des codes spéciaux pour les dépenses de vaccination COVID-19 dans leur système d’information sur la gestion financière (FMIS). Dans d’autres pays, lorsque la structure du programme le permet, des systèmes de marquage budgétaire sont utilisés pour suivre les activités et les dépenses liées à la vaccination. En Estonie, le marquage budgétaire des dépenses liées à la vaccination contre le virus COVID-19 permet d’identifier les dépenses pertinentes dans le système budgétaire du gouvernement et, en fin de compte, de garantir la responsabilité financière.
Une cartographie plus détaillée de ces défis et des solutions possibles est disponible sur le portail PFM de l’OMS.
Note : Une version antérieure de cet article a été publiée sur le blog du
blog PFM du FMI
le 26 avril 2021.
Planification et formulation du budget
- Estimations budgétaires : Les incertitudes liées au coût des vaccins COVID-19, à leur disponibilité et à leur utilisation ont exacerbé le décalage habituel entre l’évaluation des coûts et la budgétisation dans le domaine de la santé. Si la plupart des pays disposent d’un plan de déploiement chiffré, très peu de budgets ordinaires pour 2021 prévoient des crédits pour la vaccination contre le COVID-19. Certains pays envisagent maintenant d’adopter des budgets supplémentaires pour inclure les dépenses liées à la vaccination ; d’autres, comme le Ghana, ont reporté l’adoption du budget 2021 à mars 2021 pour pouvoir inclure les coûts d’achat et de fonctionnement du vaccin COVID-19.
- Planification budgétaire : La plupart des pays peinent à définir une vision à moyen terme pour la planification budgétaire et à aligner les allocations sur les besoins à plus long terme en matière de déploiement de vaccins et sur d’autres besoins prioritaires en matière de santé. En outre, lorsqu’il existe des dispositions budgétaires pour la vaccination contre le COVID-19, elles sont souvent fragmentées. Il est possible que les dispositions budgétaires du ministère de la santé relatives à la vaccination coexistent avec des allocations à un fonds extrabudgétaire (comme à Maurice et son fonds national pour le programme de vaccination COVID-19) et/ou par le biais d’une enveloppe présidentielle spéciale. Pour réduire la fragmentation, l’Afrique du Sud a consolidé les dépenses de vaccination COVID-19 dans le cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) pour les exercices 2021-2023, tandis que le pays poursuit une approche budgétaire flexible basée sur des scénarios pour les mises à jour annuelles.
- Structure budgétaire : Si l’on se fie aux allocations pour les vaccinations de routine, la budgétisation basée sur les intrants risque de créer des rigidités pour la gestion des ressources de vaccination de COVID-19, avec des postes distincts pour les vaccins, la chaîne du froid et le personnel d’appui. Plusieurs pays ont créé une ligne de programme temporaire qui regroupe tous les intrants liés à la vaccination par COVID-19. En Géorgie, par exemple, les coûts liés à la vaccination sont inclus dans le budget de l’État dans le cadre d’un nouveau programme budgétaire COVID-19 afin de rendre la gestion des ressources pour la vaccination COVID-19 plus flexible (les réaffectations sont possibles dans le cadre de l’enveloppe du programme) et de fournir une piste d’audit claire.
- Titulaires de budget : Pour permettre une exécution complète du budget, chaque titulaire de budget dans la réponse multipartite doit être clairement défini et ses dépenses liées aux vaccins doivent être correctement coordonnées et suivies. En Afrique du Sud, les allocations budgétaires pour la vaccination COVID-19 sont clairement réparties entre les détenteurs du budget national (principalement le ministère national de la santé) pour l’achat des vaccins et les ministères provinciaux de la santé pour les dépenses liées à la mise en œuvre. Dans d’autres pays, le budget est parfois alloué à la principale agence d’achat – la caisse nationale d’assurance maladie – pour le remboursement de l’intégralité des coûts de distribution (République tchèque), ou pour couvrir uniquement les coûts liés au prestataire (Corée), tandis que d’autres départements centraux (par exemple, la défense, l’éducation) et agences (par exemple, les centres de contrôle des maladies) peuvent recevoir des subventions pour soutenir les dépenses supplémentaires liées aux campagnes de vaccination. La clarté sur les détenteurs de budget est essentielle pour une réponse coordonnée, ainsi que pour la responsabilité financière.