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L'histoire - P4H Network

Le réseau P4H : Réunir des personnes et des idées

Au cours de la première décennie des années 2000, les dirigeants mondiaux ont réexaminé la question de la “santé pour tous”, un objectif de l’Organisation mondiale de la santé depuis le début des années 1970. Cet objectif avait déjà fait l’objet d’une grande attention et d’une grande importance lorsque, en 2000, le plus grand rassemblement de dirigeants mondiaux de l’histoire a adopté la déclaration du millénaire des Nations unies. Dans ce contexte général, le Groupe des 8 adopte en 2007 une initiative qui se concentrera sur le financement de la santé en vue d’une couverture sanitaire universelle – rendre les soins de santé abordables pour tous sans difficultés financières. Cette initiative sera finalement connue sous le nom de réseau P4H.

La déclaration du millénaire – une étape importante dans les partenariats mondiaux visant à réduire l’extrême pauvreté – donne lieu à l’adoption par 189 pays des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui doivent être atteints d’ici 2015. Cette année-là, les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies reprennent le flambeau des OMD et 191 pays s’engagent à atteindre des objectifs de couverture sanitaire universelle. Les ODD mettent l’accent sur la réduction de la pauvreté et reconnaissent le lien entre pauvreté et santé. La pauvreté est considérée comme une cause majeure de mauvaise santé et la mauvaise santé comme une cause majeure de pauvreté. En particulier, les dépenses de santé à la charge du patient pèsent sur le budget des ménages lorsque ceux-ci doivent soit payer des factures de santé qui leur causent des difficultés financières, soit se priver de soins de santé.

La France et l’Allemagne ont centré le pilier fondamental de la santé pour tous lors d’une série de réunions mondiales et de sommets du G8 au cours des dix premières années du 21e siècle. Dans ce contexte général, le G8 adopte une initiative qui aboutit à la formation du réseau P4H.

En novembre 2004, l’Allemagne, l’Organisation internationale du travail et l’Organisation mondiale de la santé signent une lettre d’accord pour coopérer en matière de protection sociale de la santé et de financement de la santé, dans le but d’améliorer la collaboration aux niveaux national, régional et mondial. Un consortium est créé. En décembre 2005, le consortium organise une conférence à Berlin pour partager les expériences en matière de protection sociale de la santé dans les limites des ressources disponibles. À la suite de la conférence, le consortium publie une compilation des présentations de la conférence sur les expériences des pays en développement en matière d’extension de la protection sociale dans le domaine de la santé.

Le 16 mars 2007, quelques mois avant le sommet du G8 à Heiligendamm, le président français Jacques Chirac s’exprime lors de la Conférence internationale sur la protection des risques financiers en cas de maladie dans les pays en développement. Pour le sommet du G8 de juin 2007 consacré à l’Afrique et à la dimension sociale de la mondialisation, le président Chirac invite les participants à se concentrer sur trois priorités.

  1. Créer une plateforme internationale sur le financement des systèmes de santé dans les pays pauvres.
  2. Accepter que les recommandations formulées par les partenaires internationaux pour lutter contre la pauvreté soutiennent le développement de systèmes équitables de financement de la santé dans les pays qu’ils aident.
  3. Fournir un soutien financier aux pays qui s’engagent à mettre en place des systèmes de financement de la santé équitables et à promouvoir des financements innovants.
  4. Lors du sommet de Heiligendamm, du 6 au 8 juin, le G8 approuve l’initiative “Providing for Health” (P4H) “comme moyen d’œuvrer au financement durable et équitable des systèmes de santé et à l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité, en liant les stratégies de financement nationales à un soutien international coordonné”. L’initiative, telle qu’elle est décrite dans une déclaration du sommet, vise à créer “un forum international de dialogue et de collaboration sur le financement des systèmes de santé dans les pays pauvres et sur l’élargissement des initiatives des donateurs nationaux et internationaux en vue d’améliorer l’efficacité de l’augmentation des financements nationaux et internationaux”.

Le groupe des 8 dirigeants se réunit à Heiligendamm en 2007. De gauche à droite : Le Premier ministre japonais Shinzō Abe, le Premier ministre canadien Stephen Harper, le Président français Nicolas Sarkozy, le Président russe Vladimir Poutine, la Chancelière allemande Angela Merkel, le Président américain George W. Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair, le Premier ministre italien Romano Prodi et le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Heiligendamm, ainsi que les sommets du G8 qui l’ont précédé et suivi – à Gleneagles (2005), Saint-Pétersbourg (2006) et Tōyako (2008) – ont renforcé l’agenda mondial en matière de santé publique. Lors de ces sommets, les pays du G8 se sont engagés à soutenir le renforcement des systèmes de santé dans le monde entier par le biais d’une protection sociale de la santé pour tous et en particulier pour les personnes vivant dans la pauvreté.

La proposition de valeur du réseau P4H : Le tout est plus grand que la somme de ses parties

Lorsqu’en 2007, la France et l’Allemagne lancent Providing for Health (P4H) en tant qu’initiative du G8, l’adhésion est ouverte aux pays et aux agences multilatérales. Les premiers membres du réseau P4H sont le Groupe de la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation internationale du travail, la France et l’Allemagne. En 2011, la Suisse et l’Espagne rejoignent P4H, suivies par la Banque africaine de développement en 2012. En 2013, les États-Unis d’Amérique deviennent membres, représentés par l’Agence des États-Unis pour le développement international.

Photographiés en 2007, de gauche à droite : Guy Rider, directeur général de l’Organisation internationale du travail, Xavier Bertrand, ministre français de la santé et des solidarités, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, Jacques Chirac, président de la République française, Nicole Ameline, représentante de la France auprès de l’Organisation internationale du travail, et Brigitte Girardin, ministre française de la coopération au développement.

En 2015, les ODD s’accompagnent d’une politique d’adhésion plus large du réseau P4H. Le réseau P4H reflète l’universalisme des ODD, quel que soit le niveau de revenu des 193 nations signataires des ODD. Cette année, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et la Banque asiatique de développement rejoignent le réseau P4H.

En 2017, le Kazakhstan, le Maroc et l’École supérieure de santé publique de l’Université nationale de Séoul sont venus s’ajouter à la liste des membres. Le Kazakhstan, en particulier, continue de jouer un rôle important dans les activités de P4H. En 2018, le Centre d’expertise et de contrôle de la qualité des soins médicaux (CEQCMC) de la Fédération de Russie, l’École de santé publique de l’université de Fudan, le Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les adolescents et les enfants et la Banque de développement du Conseil de l’Europe se joignent à l’initiative. Trois ans plus tard, la Thaïlande adhère à l’Union. En 2022, l’Australian National University et le Fonds de sécurité sociale du Costa Rica s’associent, étendant ainsi la portée de P4H à la région de l’Amérique latine. D’ici décembre 2023, le réseau P4H comptera 25 membres avec l’ajout du Sénégal, de l’Université d’Antioquia en Colombie, de la Kamuzu School of Health Sciences au Malawi et de l’Université catholique pontificale du Pérou.

En 2018, un an après l’adhésion du Kazakhstan au réseau P4H, le Centre républicain pour le développement de la santé (RCHD) et P4H organisent conjointement une conférence internationale à Astana afin d’améliorer le financement de la santé pour l’UHC. De gauche à droite, en commençant par la quatrième personne : Zarina Temekova, chef du département du financement de la santé, RCHD ; Claude Meyer, coordinateur, bureau de coordination de P4H ; Ainur Aiypkhanova, directeur général, RCHD ; Bayarsaikhan Dorjsuren, conseiller principal en systèmes de santé, bureau de coordination de P4H. Deuxième à partir de la droite : Directeur adjoint Nurbol Kuzembayev, RCHD.

En travaillant de concert, les contributions de chacun approfondissent celles des autres. Ensemble, les membres du réseau P4H font progresser la couverture sanitaire universelle grâce à des systèmes équitables de protection sociale et de financement de la santé. Et ils le font avec plus d’efficacité que s’ils travaillaient chacun de leur côté, en apportant leurs avantages comparatifs uniques.

Le choix délibéré d’une structure de réseau

Les organisateurs du réseau P4H ont cherché à former une structure qui permette une coopération intersectorielle au niveau national et régional, ainsi qu’une coopération entre donateurs au niveau mondial. Depuis sa création, le réseau P4H fonctionne selon le principe que les membres et les individus au sein des institutions membres travaillent de manière indépendante pour atteindre des objectifs communs.

Le réseau P4H s’efforce de promouvoir la cohérence entre les niveaux mondial, régional et national, ainsi qu’entre les parties prenantes au sein des pays. P4H adapte son soutien aux besoins et aux priorités définis par les pays et à l’économie politique de chaque pays. Par exemple, la flexibilité et l’agilité du réseau P4H favorisent les échanges et les collaborations entre ses membres. Les points focaux nationaux de P4H (P4H-CFP) et le bureau de coordination de P4H, deux groupes au sein du réseau P4H, facilitent les collaborations entre les acteurs individuels et institutionnels au sein des pays et coordonnent les actions conjointes entre les membres de P4H.

Les points focaux nationaux de P4H et les membres du bureau de coordination de P4H font une pause lors des sessions de travail collaboratif en mai 2022 à Satigny, en Suisse.

Le réseau P4H distingue deux types de P4H-CFP. Ils sont soit déployés, soit nommés. Les membres actifs dans la coopération internationale déploient les P4H-CFP pour qu’ils soient des intermédiaires honnêtes dans les discussions politiques entre les parties prenantes nationales et internationales. Les pays membres de P4H nomment des P4H-CFP pour mettre en relation les pays et P4H. En 2024, une vingtaine de P4H-CFP font partie du réseau P4H.

Les étapes du réseau P4H

Quatre étapes marquent le succès du réseau P4H.

  1. Lancement du programme Leadership for UHC (L4UHC).
  2. Nombre de P4H-CFP déployés et nommés.
  3. Expansion et diversité des membres de P4H.
  4. Lancement de la plateforme numérique(www.p4h.world).

Les messages des participants au programme Leadership for UHC décorent un arbre à souhaits en 2017 à Chaumont en Vexin.

Le programme L4UHC a été lancé en 2014 pour compléter le travail du réseau P4H en mettant l’accent sur le leadership politique. La politique est le moteur de l’action collective en faveur de la santé publique dans les différents pays. Des coalitions efficaces et durables au sein des pays font avancer le processus. Ce programme d’un an est dirigé par des coachs et des personnes ressources pour des participants de haut niveau issus de diverses agences gouvernementales, d’organisations de la société civile et du secteur privé. Chaque programme L4UHC est dirigé par l’équipe de gestion L4UHC et soutenu par les P4H-CFP, les coaches locaux et/ou les facilitateurs régionaux.

En 2020, un évaluateur externe disposant d’une expertise internationalement reconnue en matière de financement de la santé a conclu que “L4UHC est un élément important de l’écosystème de la santé mondiale, qui répond à un besoin pertinent et donne de bons résultats, notamment en ce qui concerne les compétences individuelles, la constitution d’équipes au sein des groupes d’intérêt de l’UHC dans les pays, ainsi que des gains concrets au niveau des politiques et des pratiques nationales, et quelques conséquences positives inattendues”.

La deuxième étape est le nombre de P4H-CFP. De six en 2007, le réseau P4H compte aujourd’hui une vingtaine de P4H-CFP dans des pays d’Afrique, d’Asie du Sud-Est, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, d’Amérique latine, ainsi que dans la Fédération de Russie et en Chine.

La diversité des membres, la troisième borne, a augmenté après l’adoption des ODD en 2015. Le réseau P4H s’est efforcé d’attirer des institutions universitaires et de s’étendre à des régions telles que l’Asie du Sud-Est et, plus récemment, l’Amérique latine.

Enfin, la plateforme numérique du réseau P4H(www.p4h.world), lancée en 2017 et repensée en 2023, renforce notamment la mission de P4H de promouvoir, développer et renforcer les échanges et la collaboration pour la protection sociale de la santé et le financement de la santé, et rehausse considérablement le profil de P4H. La plateforme numérique du réseau P4H fournit à la communauté mondiale du financement de la santé des connaissances et des informations, un accès aux actualités et aux événements, ainsi qu’un aperçu de la situation au niveau national et mondial.

La vision du réseau P4H

Les valeurs du réseau P4H reflètent son engagement indéfectible à faire progresser la couverture sanitaire universelle grâce à la protection sociale de la santé et à un financement équitable de la santé. En soutenant les pays du monde entier sur la voie de la santé publique universelle, le réseau P4H respecte cet engagement. Les synergies créées par le programme L4UHC, les P4H-CFP, la diversité des membres de P4H et la plateforme numérique de P4H font avancer la mission de P4H et donc l’engagement de P4H. Le réseau P4H continue de garder à l’esprit l’accélération des progrès vers la santé publique universelle.