L’article publié dans BMC Public Health analyse les inégalités entre les hommes et les femmes dans l’accès aux régimes d’assurance maladie financés par l’État (PFHIS) dans les États du sud de l’Inde, en utilisant les données des enquêtes nationales sur la santé des familles pour mesurer l’impact sur la couverture universelle en matière de santé.
Les régimes d’assurance maladie à financement public (PFHIS) sont destinés à jouer un rôle dans la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU). Dans des pays comme l’Inde, les PFHIS ont une faible pénétration et offrent une couverture limitée des services et des membres de la famille au sein des ménages, ce qui peut signifier que les femmes sont perdantes. Les inégalités entre les hommes et les femmes en matière de protection contre les risques financiers sont peu étudiées. Compte tenu de l’importance accordée à la réalisation de la santé universelle pour tous en Inde, cet article examine les inégalités entre les sexes et les changements dans la couverture du PFHIS dans le sud de l’Inde, où sa pénétration est plus importante et sa durée plus longue.
Cette étude a utilisé les quatrième (NFHS-4, 2015-16) et cinquième (NFHS-5, 2019-21) cycles de l’enquête nationale sur la santé des familles en Inde pour cinq États du sud : Andhra Pradesh, Karnataka, Kerala, Tamil Nadu et Telangana. Le Health Equity Assessment Toolkit (HEAT) Plus de l’Organisation mondiale de la santé et Stata ont été utilisés pour analyser la couverture du PFHIS ventilée selon sept dimensions de l’inégalité. Les rapports et les différences pour les dimensions binaires, la variance entre les groupes et l’indice de Theil pour les dimensions non ordonnées, l’indice de concentration absolue et relative (ICR) pour les dimensions ordonnées ont été calculés séparément pour les femmes et les hommes.
Dans l’ensemble, la couverture PFHIS a augmenté de manière significative(p<0.001) chez les femmes et les hommes de l’Andhra Pradesh et du Kerala entre l’enquête NFHS-4 et l’enquête NFHS-5. Dans l’ensemble, les hommes ont une couverture PFHIS plus élevée que les femmes, en particulier dans l’Andhra Pradesh, le Tamil Nadu et le Telangana dans les deux enquêtes. En termes absolus et relatifs, la couverture du PFHIS était concentrée sur les femmes et les hommes plus âgés dans tous les États ; les inégalités liées à l’âge étaient plus importantes chez les femmes que chez les hommes dans les deux enquêtes dans l’Andhra Pradesh, le Kerala et le Telengana. L’ampleur des inégalités liées à l’éducation était deux fois plus élevée que chez les femmes du Telangana (ICRNFHS-4: -12,23 ; RCINFHS-5 : -9,98) et Andhra Pradesh (ICRNFHS-4: -8,05 ; RCINFHS-5 : -7,84) par rapport aux hommes dans le Telangana (RCINFHS-4: -5,58 ; RCINFHS-5: -2,30) et l’Andhra Pradesh (RCINFHS-4: -4,40 ; RCINFHS-5: -3,12) et ces inégalités se sont maintenues dans la NFHS-5, suggérant que les femmes ayant un faible niveau d’éducation avaient une plus grande couverture. Dans cette dernière enquête, une forte inégalité liée à la richesse a été observée chez les femmes (RCINFHS-4: -15,78 ; RCINFHS-5: -14,36) et les hommes (RCINFHS-4: -20,42 ; RCINFHS-5: -13,84) appartenant au Kerala, alors que cette inégalité a diminué entre la NFHS-4 et la NFHS-5, ce qui suggère une fois de plus une plus grande couverture parmi les populations plus pauvres. Les inégalités liées à la caste étaient plus élevées chez les femmes que chez les hommes dans les deux enquêtes, mais l’ampleur des inégalités a diminué entre 2015-16 et 2019-20.
Nous avons constaté des inégalités entre les sexes en ce qui concerne les inscriptions déclarées dans les États du sud où le PFHIS existe depuis longtemps. Les inégalités ont favorisé les pauvres, les personnes sans instruction et les personnes âgées, ce qui est dans une certaine mesure souhaitable lorsqu’il s’agit de mettre en place un PFHIS destiné à des populations plus difficiles à atteindre. Toutefois, les inégalités fondées sur la religion et la caste, bien qu’elles aient diminué, sont toujours présentes chez les femmes. Pour que les PFHIS offrent véritablement une protection contre les risques financiers, ils doivent s’attaquer à la marginalisation croisée des femmes et des hommes, tout en atteignant les objectifs éventuels de mutualisation des risques, indiqués par une couverture élevée et une faible inégalité entre les sous-groupes de la population.