En 2024, on estime que 11 millions de Pakistanais, soit 4,4 % de la population, risquent de s’appauvrir en raison de leurs dépenses de santé. Pour lutter contre cette tendance et faire progresser la couverture sanitaire universelle, il est essentiel d’augmenter les dépenses de santé du gouvernement. Toutefois, compte tenu de l’augmentation du fardeau de la dette et des conditions macro-fiscales défavorables dans les pays du Sud, en particulier au Pakistan, cette tâche devient difficile. Les deux principales stratégies pour améliorer le financement de la santé sont les suivantes : (1) augmenter la proportion des dépenses publiques consacrées à la santé, et (2) optimiser l’utilisation des ressources de santé existantes, en mettant l’accent sur la prévention et les soins de santé primaires (SSP).
La réussite de la mise en œuvre de ces stratégies dépend en grande partie des capacités des fonctionnaires de rang intermédiaire plutôt que des dialogues politiques au plus haut niveau. Pour être efficaces, les réformes du financement de la santé nécessitent des administrateurs bien formés, capables de présenter des arguments économiques et de santé publique, dans le but de faciliter les changements dans les allocations budgétaires de la santé. Malheureusement, plus de dix ans après la décentralisation du secteur de la santé au Pakistan, les processus budgétaires provinciaux en matière de santé sont restés largement non stratégiques et dépendants des données historiques. L’absence de programmes d’études supérieures spécialisées a entraîné une pénurie d’expertise en matière de financement des soins de santé.
Pour résoudre ces problèmes, la Banque mondiale, avec le soutien de diverses organisations internationales, a lancé un programme visant à améliorer la politique de financement de la santé au Pakistan. Il s’agissait d’organiser des ateliers axés sur les principes fondamentaux du financement de la santé à l’intention des cadres moyens des départements provinciaux de la santé et des secteurs connexes. Aucun des participants n’avait d’expérience préalable en matière de financement de la santé, ce qui souligne la nécessité d’une telle formation.
Pendant huit mois, une cohorte de fonctionnaires s’est réunie à Islamabad, Lahore et Murree pour acquérir des connaissances pratiques sur le financement de la santé et développer les compétences de plaidoyer nécessaires à la redéfinition des priorités budgétaires et à l’utilisation efficace des ressources. La formation a été adaptée au contexte spécifique du système de santé décentralisé du Pakistan, en utilisant des exemples tirés des documents budgétaires provinciaux des participants.
Les ateliers ont permis d’approfondir la compréhension du financement de la santé, ce qui a débouché sur des idées concrètes. Par exemple, un participant du Sindh a découvert des moyens de reclasser les codes de fonction budgétaire, ce qui pourrait permettre de rationaliser l’allocation des fonds pour les soins de santé primaires. Les participants ont fait état d’avantages immédiats, tels que l’amélioration des stratégies d’approvisionnement et de génération de revenus adaptées à la situation unique du Pakistan. Cette initiative montre comment une formation adaptée au contexte peut renforcer les capacités et susciter des changements politiques significatifs dans le paysage du financement de la santé au Pakistan.